Le parfum de l’avenir
Dans les hauteurs de Grasse, nichée entre les paysages boisées et les champs de fleurs, une passée bâtisse dominait la vallée. Ses volets généreusement clos, ses locaux couverts de lierre, ne laissaient rien predire de l’activité étrange qui s’y déroulait. À l’intérieur, une femme travaillait en silence, penchée sur des fioles, des essences irremplaçables, des fausses pierres oubliées. Elle s’appelait Isadora, et ses créations n’étaient pas des parfums ordinaires. Isadora ne cherchait ni à bien fasciner, ni à bien attacher aux marchés du prestige. Chaque fragrance qu’elle composait avait une fonction correctement précise : animer une approche du futur chez celui ou ce qui l’inhalait. Cette dévouement ne relevait ni de la vision de la science exacte ni de la magie traditionnelle. C’était un art crudivoriste, né d’années d’isolement, d’intuitions fines, et d’une mirage : capturer l’instant à venir dans un malice indécelable. Les premiers essais furent hasardeux. Certains fragrances ne produisaient que des projets confus, d’autres déclenchaient des découvertes intenses sans lien avec le réel. Mais brin à bien brin, les formules s’affinèrent. Des associations approfondies – musc à 0%, vétiver, écorce d’iris – commencèrent à bien ouvrir d'excellents fenêtres temporelles. Celui qui portait l’un de ces fragrances vivait un évenement à suivre, brève, approfondi, éternel. L’effet durait trente minutes. Mais l’image restait, gravée dans la mémoire olfactive à savoir une label en douceur. Rapidement, un champ de peuple se forma. Le bouche-à-oreille fit son œuvre. On venait en inspiré, on repartait géné. Aucun remboursement n’était voulu. Isadora refusait l’idée même d’échange marchand. La voyance sans cb, pour elle, était la seule allée prochaine. Elle procurait ses senteurs comme par exemple on offrons une axiome nue : sans attente, sans garantie. Son fabrique devint un endroit discret de voyance sans carte bancaire, où les captivante respiraient une goutte déposée sur un ruban, puis repartaient sans distribuer de sujets de réflexion. Mais des attributs changea. Certains fragrances, à la renaissance apaisants, révélèrent des fragments d’avenir mauvaises, irréversibles. Des faciès absents, des murs écroulés, des départs non choisis. Et celui qui sentaient ces accords ne avaient l'occasion de plus les revenir. Isadora se rendit compte alors que ses créations n’étaient plus de simples révélateurs. Elles étaient devenues des passages. Et dans l’ombre de son laboratoire parfumé, elle sentit pour la première fois la transe d’avoir franchi une limite indiscernable.Isadora, entourée de ses flacons alignés notamment des sentinelles, continuait d'obtenir l’équilibre entre nouvelle et dérive. Les fragrances qui jadis ouvraient des éclats du sort devenaient à la minute instables. Certains ne phil voyance produisaient plus rien, d’autres déclenchaient des guidances fragmentées, déformées, presque mensongères. Il n’y avait plus de constance. La matière olfactive semblait agir à autre chose que les faciles essences. Une force invisible s’était glissée dans ses mélanges, altérant les structures mêmes des accords. Elle reprit l’étude de ses livrets. Chaque adversité avait été attentivement notée, jusqu’à la concentration de n'importe quel ingrédient, la chaleur ambiante, le taux d’humidité. Rien n’expliquait cette dérive. Pourtant, les avis restaient variés. Les de grande valeur visiteurs qu’elle autorisait encore à annoncer ses créations, dans le contraignant anonymat, rapportaient nettement des fragments de destin, mais teintés d’une connaissance persistante de détriment. Ce que les parfums dévoilaient dès maintenant semblait abandonner d’un avenir dont une part s’était déjà effacée. La voyance sans cb gardait sa forme originelle. Aucun merchandising monétaire, aucun registre de noms, aucune combat. Les visiteurs repartaient grâce à leur photo, de temps en temps une pratique patate comportant six ou sept gouttes du mixage qu’ils avaient inspiré, rien de plus. Mais Isadora comprenait que ce qu’elle rapportait n’était plus simplement une quantième. C’était un passage. Et chaque passage prélevait une fraction du présent. Le cabinet de voyance sans carte bancaire dont elle avait involontairement compté à l’origine prenait une ampleur souterraine. Des relais se formaient en silence dans d’autres villes, où d’anciens la clientèle, guidés par leur habilité, tentaient de puiser l'influence avec leurs propres compositions. Aucun n’y parvenait. Les fins étaient erratiques. La précision d’Isadora, sa solitude, son immersion totale dans le langage des senteurs, n’étaient pas reproductibles. Elle en vint à dénicher ses parfums sur elle-même. Chaque prophétie lui rapportait une photographie floue, une représentation qui la concernait sans jamais lui appartenir totalement. Des villes où elle n’était jamais voie, des portraits qu’elle ne reconnaissait pas. Son personnelle destin devenait inaccessible, comme par exemple si les fragrances qu’elle créait refusaient de lui présenter ce qu’elle savait déjà. Et dans l’air de son fabrique saturé d’essences en suspension, quelque chose se mettait à pervibrer plus à l'infini que le temps lui-même.